Le 26 juin 2025, le ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Paulin Akponna, a été limogé par décret présidentiel, remplacé par José Didier Tonato, qui cumule désormais ce portefeuille avec ses fonctions actuelles. Cette décision, annoncée à la suite d’une sollicitation du président Patrice Talon à l’Assemblée nationale, a été commentée par le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji.
« Le Président de la République considère que si les propos tenus par M. Akponna ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, alors il doit être délié de toute obligation de réserve ou de solidarité gouvernementale, afin d’apporter toutes informations utiles à la justice », a indiqué le porte-parole du gouvernement. Cette sortie, loin d’être anodine, révèle des tensions internes et des enjeux stratégiques dans la politique béninoise, en l’occurrence les partis de la mouvance présidentielle.
Lors d’un déplacement à Parakou le 21 juin 2025, Paulin Akponna avait dénoncé publiquement des interruptions dans la fourniture d’eau et d’électricité, attribuant ces dysfonctionnements à une mauvaise gestion des fonds publics et à des détournements de plusieurs milliards de FCFA impliquant des acteurs politiques locaux. Ces accusations, jugées tendancieuses par le pouvoir, ont précipité son éviction, moins de six mois après sa nomination le 6 janvier 2025. La déclaration de Houngbédji suggère que ces propos pourraient être perçus comme une tentative de déstabilisation interne au sein du Bloc Républicain (BR) ou comme une critique implicite du gouvernement, rompant ainsi la solidarité gouvernementale.
Sur le fond, la réponse de Houngbédji met en lumière une volonté de l’exécutif de contrôler le discours public et de protéger l’image du gouvernement, tout en ouvrant la voie à une possible judiciarisation des accusations d’Akponna. En le libérant de ses obligations de réserve, le président Talon semble exiger des preuves concrètes de ces allégations, plaçant l’ex-ministre dans une position délicate : soit il apporte des éléments tangibles, soit il risque de perdre en crédibilité. Cette stratégie pourrait également servir à détourner l’attention des tensions internes au BR, déjà marquées par la suspension de l’ancien ministre Samou Adambi.
Dans le contexte politique béninois, ce limogeage illustre la fermeté de Patrice Talon face aux écarts de conduite au sein de sa majorité, à l’approche de la présidentielle de 2026. Il renforce l’image d’un pouvoir centralisé, où la loyauté et la discipline priment, tout en alimentant les débats sur la transparence et la gestion des ressources publiques. Le désormais ancien ministre des mines n’est pas encore sortie d’affaire car il pourrait se retrouver devant les tribunaux pour répondre des accusations portés.
M.D.