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Situation au Togo : la CEDEAO remarquablement silencieuse

Depuis des décennies, le Togo est marqué par une gouvernance autoritaire, incarnée par la dynastie Gnassingbé, au pouvoir depuis 1967. Sous la présidence de Faure Gnassingbé, en place depuis 2005, le pays traverse une crise politique et sociale exacerbée par une répression systématique des voix dissidentes et une apparente inaction de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Les récents événements au Togo, notamment les manifestations du 26 juin 2025 à Lomé, illustrent la violence avec laquelle le régime répond aux contestations. Ces manifestations, organisées pour protester contre une réforme constitutionnelle controversée, la hausse des prix de l’électricité et les arrestations arbitraires, ont été sévèrement réprimées. Selon des rapports, sept personnes auraient perdu la vie, certaines retrouvées dans des cours d’eau, tandis que des dizaines d’autres ont été blessées et plus de soixante interpellées. Les forces de l’ordre, soutenues par des miliciens selon certaines sources, ont utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations massives pour disperser des manifestations pourtant déclarées pacifiques par les organisateurs.

Cette brutalité s’inscrit dans une longue tradition de répression au Togo. Depuis les années 1990, les tentatives de libéralisation politique ont été contrecarrées par des violences contre les opposants. L’arrestation du rappeur Aamron, connu pour ses critiques virulentes du régime, fin mai 2025, et son internement forcé dans un hôpital psychiatrique pour « dépression aggravée » ont cristallisé la colère populaire. De même, des journalistes, comme Apollinaire Mewenemesse, ont été détenus pour des publications critiques, et les accréditations de la presse étrangère ont été suspendues pour limiter la couverture médiatique des abus. Ces actes visent à museler toute forme de dissidence, qu’elle émane de la société civile, des médias ou des partis d’opposition.

La réforme constitutionnelle de 2024, qui a instauré un régime parlementaire en transférant le pouvoir exécutif au président du Conseil des ministres – un poste occupé par Faure Gnassingbé sans limitation de mandat – est perçue comme un moyen de pérenniser le pouvoir de la dynastie Gnassingbé. Cette modification, adoptée par une Assemblée nationale dominée par le parti au pouvoir, a exacerbé les tensions, les opposants y voyant un « coup d’État constitutionnel ». Les manifestations qui ont suivi, notamment en avril et juin 2025, ont été interdites ou violemment réprimées, renforçant le sentiment d’oppression parmi la population.

Le silence complice de la CEDEAO

Face à cette escalade de la violence, la CEDEAO, censée promouvoir la démocratie et les droits humains dans la région, est restée remarquablement silencieuse. Cette inaction a suscité de vives critiques, tant au Togo que sur la scène internationale. Des publications sur les réseaux sociaux dénoncent « l’hypocrisie » de l’organisation, qui se mobilise rapidement contre les coups d’État militaires, mais reste muette face à la répression des manifestations pacifiques par un régime en place. Cette passivité est d’autant plus problématique que la CEDEAO a historiquement joué un rôle de médiateur dans les crises togolaises, comme en 2005 après la prise de pouvoir contestée de Faure Gnassingbé.

Le silence de la CEDEAO peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Premièrement, l’organisation est souvent critiquée pour son manque de cohérence dans l’application des principes démocratiques, privilégiant la stabilité des régimes en place au détriment des aspirations populaires. Deuxièmement, la présence d’alliés politiques de Faure Gnassingbé au sein des instances de la CEDEAO, comme la nomination d’une présidente du Parlement de l’organisation perçue comme proche du régime togolais, soulève des questions sur l’impartialité de l’institution. Enfin, les priorités géopolitiques, telles que la lutte contre le terrorisme dans la région des Savanes ou les relations économiques avec le Togo, notamment via le port de Lomé, pourraient inciter la CEDEAO à fermer les yeux sur les violations des droits humains.

Cette apparente complicité est d’autant plus préoccupante que la CEDEAO a déjà condamné des pratiques similaires par le passé. En 2020, la Cour de justice de l’organisation a jugé illégales les coupures d’Internet imposées par le gouvernement togolais en 2017 pour museler les manifestations, ordonnant des mesures pour prévenir de telles violations. Pourtant, aucune action concrète n’a été prise face aux récentes exactions, renforçant le sentiment d’impunité du régime.

Une société civile sous pression et un peuple en quête de liberté

Malgré la répression, la société civile togolaise reste active, portée par une jeunesse de plus en plus mobilisée. Les manifestations de juin 2025, menées en dehors des cadres politiques traditionnels, témoignent d’une révolte inédite contre le pouvoir. Des organisations comme le Front Citoyen Togo Debout dénoncent la violation des droits fondamentaux, tels que le droit de manifester garanti par la Constitution togolaise. Cependant, ces mouvements se heurtent à une surveillance accrue et à des arrestations arbitraires, qui freinent l’élan contestataire.

La population togolaise, marquée par des décennies de divisions ethniques et de traumatismes liés à la violence politique, oscille entre résignation et espoir de changement. La jeunesse, en particulier, semble transcender les clivages ethniques pour exiger une gouvernance plus inclusive, mais elle manque de soutien régional ou international pour faire entendre sa voix.

Un appel à l’action

La situation au Togo en 2025 est alarmante : un régime autoritaire, soutenu par une répression brutale, s’efforce de maintenir son emprise sur le pouvoir face à une population de plus en plus exaspérée. Le silence de la CEDEAO, loin de calmer les tensions, alimente un sentiment d’abandon et de méfiance envers les institutions régionales. Pour sortir de cette impasse, il est impératif que la CEDEAO adopte une position ferme, en condamnant les violations des droits humains et en exigeant des réformes démocratiques. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et l’Union européenne, doit également accentuer la pression sur le régime togolais pour garantir le respect des libertés fondamentales.

Sans une mobilisation concertée, le Togo risque de s’enliser dans un cycle de répression et de contestation, au détriment de sa population et de la stabilité régionale. La jeunesse togolaise, qui porte l’espoir d’un changement, mérite un soutien international à la hauteur de son courage.

M.D.

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