Eugène Azatassou, Vice-président en charge du département du Zou, a effectué une sortie ce jeudi. Face aux déclarations récentes de l’honorable Janvier Yahouédéou, qui s’est montré particulièrement virulent à l’égard de l’ancien président Boni Yayi, le membre influent de l’opposition a tenu à remettre les pendules à l’heure. Pour lui, la critique en politique est légitime, mais elle doit se faire avec mesure, responsabilité et respect.
D’entrée de jeu, Eugène Azatassou n’a pas mâché ses mots. Selon lui, les dernières sorties médiatiques de Janvier Yahouédéou relèvent d’un registre qui ne grandit ni leur auteur ni le débat politique. « Ce que dit Yahouédéou sur Boni Yayi, ce sont des propos orduriers », a-t-il tranché. Tout en admettant que nul n’est parfait, il rappelle que Boni Yayi est avant tout un homme, donc faillible. « Oui, il a pu commettre des erreurs dans sa gouvernance, comme tout dirigeant. Mais la manière dont Yahouédéou les aborde n’a rien d’éducatif », a insisté Azatassou. Pour lui, la critique peut être un outil constructif si elle est portée avec élégance et pédagogie. Or, ce qu’il observe dans les sorties du Coordonnateur des ministres conseillers, c’est plutôt une volonté de rabaisser, d’humilier et de tourner en dérision un homme qui a occupé la plus haute fonction de l’État. Janvieur Yahouédéou « est tombé trop bas », a-t-il regretté.
Azatassou va plus loin en soulignant une distinction essentielle : le fond et la forme. « Je suis disposé à débattre du fond avec Janvier Yahouédéou, a-t-il affirmé. Mais je préfère d’abord m’intéresser à la forme. » Pour lui, dans un débat politique, le choix des mots et du ton compte autant que les arguments. Il estime qu’il existe toujours une manière appropriée de s’adresser à un homme d’un certain niveau, qu’on ait raison ou tort, preuves à l’appui ou non. « Même quand on a des éléments solides contre un responsable, il faut trouver les mots justes et respecter une certaine hauteur de langage », a expliqué le compagnon de lutte de Boni Yayi.
Le paradoxe des malversations
Au-delà de la polémique autour du style de Yahouédéou, Eugène Azatassou a également pointé du doigt ce qu’il considère comme une incohérence dans l’attitude de l’ancien parlementaire. Selon lui, Janvier Yahouédéou concentre ses attaques sur Boni Yayi alors que les véritables acteurs des présumées malversations financières, sous le règne du changement, se trouvent aujourd’hui dans l’entourage du président Patrice Talon.
Ce n’est pas normal, dénonce-t-il, qu’on laisse sa maison pour aller se préoccuper de la cour sale présumée d’un autre. Pour Azatassou, il y a une forme d’acharnement sélectif dans le discours de Yahouédéou. Pendant que certains bénéficient d’une protection politique malgré de lourds soupçons qui pèsent sur eux, c’est l’ancien président qui continue de servir de bouc émissaire. Alors que, soutient-il, le Chef de l’Etat ne gère pas directement les dossiers dans les ministères et directions. Ce sont des cadres qui sont à l’opérationnel.
À travers cette sortie, Eugène Azatassou semble vouloir rappeler un principe de base du débat démocratique. La critique politique ne doit pas se transformer en règlement de comptes personnels ou en lynchage médiatique. Selon lui, ce qui est en jeu, c’est la crédibilité même de la classe politique béninoise et la qualité de l’éducation civique donnée à l’opinion publique. Il appelle donc ses adversaires politiques, et particulièrement Janvier Yahouédéou, à plus de hauteur et de responsabilité dans leurs interventions médiatiques. Car au-delà des clivages partisans, c’est l’image de la démocratie béninoise qui est engagée.
Si cette réplique vise clairement à recadrer Janvier Yahouédéou, elle pourrait bien ouvrir un nouveau front dans le débat politique national. Azatassou ne ferme pas la porte à un affrontement d’idées, mais il pose ses conditions : un débat digne, respectueux et axé sur les vrais enjeux du pays. En s’attaquant à la « forme » des attaques de Yahouédéou, il place la barre haut et renvoie chacun à ses responsabilités. La balle est désormais dans le camp de son contradicteur, qui devra choisir entre poursuivre sur la voie de la virulence ou répondre sur le terrain de l’argumentation posée.
P. FOLLY