Alors que le Bénin se prépare pour la rentrée scolaire 2025-2026, plusieurs mesures sont en cours pour assurer une bonne reprise des classes même si des parents d’élèves éprouvent encore des difficultés à s’acquitter de leurs devoirs. Pendant ce temps, les syndicats dénoncent la soude oreille du gouvernement et réclament de meilleures conditions de vie et de travail. Quant aux promoteurs et tenanciers des stands de fournitures scolaires, le moment de bonnes affaires tarde à s’installer à cause de la conjoncture économique ambiante.
La rentrée est un rendez-vous incontournable, même pour les parents qui espéraient un sursis. Sacrée par son caractère obligatoire, elle engage autant l’Etat que les familles et les élèves. C’est dire que la rentrée n’attend personne. Là-dessus, tous les acteurs en est conscient. Raison pour laquelle chaque maillon de la chaîne de la rentrée s’affaire à son niveau. A une semaine de ce rite social, le terrain est très peu mouvementé. Pas d’affluence devant les stands de vente des fournitures scolaires. Les gérants se plaignent. «Nous ne comprenons plus ce qui se passe dans le pays. A moins d’une semaine de la rentrée, les parents viennent au compte goûte. La plupart viennent se renseigner sur le prix des produits» confie Jeanne Sèdégla, tenancière de stand de fournitures à Bohicon. Du côté des parents, la morosité économique a cloué le bec à bon nombre d’entre eux, même si quelques-uns ont franchi le cap d’une préparation exemplaire. «L’achat des fournitures scolaires cette année n’as pas été un exercice aisé » se plaint Ahmed Totin, agent immobilier, résident dans le douzième arrondissement de Cotonou. Rencontré dans un point de vente de fournitures scolaires de la place, il a expliqué qu’il avait l’habitude d’anticiper sur l’achat des fournitures de ses enfants mais qu’il a été surpris cette année par le temps. Toutefois, il rassure que ses enfants vont effectuer la rentrée comme tous les autres. «Ils peuvent compter sur moi » renchérit-il. Quant à dame Alice Mahouèna, revendeuse à Agla, elle reste optimiste. Selon elle la préparation de la rentrée des enfants demeure un grand défi. «Je n’ai encore rien payé pour le moment. Cependant je suis convaincu qu’ils vont quand même démarrer les cours le lundi» rassure-t-elle. La situation de ses deux enfants, l’aîné en classe de 4ème et le cadet au Cours préparatoire (Cp), ne l’inquiète guère malgré que toutes les fournitures ne soient pas encore au complet. « Oui, je suis optimiste parce qu’ils ont déjà leur tenue kaki cousu, leur sac et quelques outils importants pour entamer la rentrée » détaille-t-elle. Contrairement à Ahmed Totin et Alice Mahouèna, l’achat de fournitures scolaires n’est pas encore la priorité du couple Léa et Richard Vigan. En situation de déménagement, le couple Vigan a d’abord pour priorité l’assurance du transfert de leur fille. « Nous sommes nouvellement venus dans le quartier, notre fille vient d’une école privée et elle doit continuer la classe de 1ère au Collège d’enseignement général (Ceg) les pylônes » a confié l’époux. Selon lui, ce n’est qu’après cette formalité administrative qu’ils vont penser à l’achat des fournitures scolaires.
L’administration scolaire s’attèle aussi
L’un des maillons important de cette chaîne de préparation de la rentrée, l’administration scolaire a aussi pris ses dispositions. L’Etat centre a joué sa partition. L’évaluation faite par le gouvernement et centrales syndicales lors de leur dernière concertation a révélé qu’une ressource importante a été mise à disposition des écoles par le gouvernement pour assurer les premières charges du fonctionnement et les primes de rentrée. De quoi garantir une condition de travail optimale aux enseignants. Ces mesures concernent aussi bien l’amélioration des conditions d’étude que la gestion des revendications sociales. Le ministère des enseignements et celui de l’enseignement supérieur ont travaillé de concert pour anticiper sur les difficultés récurrentes. Parmi les actions phares : le recrutement des Aspirants au métier d’enseignant (Ame) pour combler les déficits en personnel ; la répartition équitable des ressources pédagogiques dans les établissements ; la mise en place de nouveaux modules numériques pour renforcer l’apprentissage à distance. Afin de soulager les familles et encourager la réussite des apprenants : des bourses et aides universitaires supplémentaires sont prévues pour les étudiants défavorisés ; la gratuité progressive des frais de scolarité au primaire est maintenue ; des cantines scolaires sont renforcées dans plusieurs zones rurales pour lutter contre l’abandon scolaire. Le gouvernement a mené des concertations avec les syndicats d’enseignants et les organisations étudiantes. La rentrée scolaire et universitaire 2025-2026 s’annonce ainsi sous de bons signes. « Ici, on ne craint rien » certifie Alexandre Adigla, Directeur départemental des enseignements maternel et primaire (Ddemp) du Zou. Les salles de classes apprêtées y compris le matériel didactique, le redéploiement du personnel, l’inscription des enfants, et la tenue des journées pédagogiques annoncent une bonne rentrée. Au niveau de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle, les mêmes activités sont menées. Gislain Ahokpossi, Directeur départemental des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle (Ddestfp) du Zou a même effectué une descente du terrain pour constater les travaux préparatifs dans les collèges. Du retour, il est satisfait de la mission accomplie et rassure les parents. «C’est clair que tout est prêt pour que la rentrée commence effectivement. Autrement dit, les cours démarrent réellement ce lundi » insiste l’autorité. Au Ceg1 Abomey, tout comme au Ceg1 Bohicon, le personnel administratif en place accueille les parents qui viennent soit pour s’informer des dispositions à prendre, soit pour constituer le dossier de transfert de leurs enfants ou pour inscrire les nouveaux admis classés ou transférés. Pas donc de répit au directeur de l’établissement, au comptable, ni au surveillant ni au censeur. «Il ne reste qu’à aller dans les classes pour écrire » confie Bernard Coovi Kinhounmè, Directeur du Ceg1/Abomey. A l’école maternelle de Tohizanli et à l’Epp Zounkpa, dans la Circonscription d’Abomey, c’est le même constat. Aurore Hounkpè et Eric Anoumou respectivement responsables de ces écoles, affichent un air serein. «Nous attendons le lundi pour démarrer les cours dans les classes » ont-ils confirmé. Les établissements privés aussi. Modeste Abattan, Directeur des études du collège d’enseignement privé « Sèdjro » a aussi rassuré qu’aucun effort n’a été ménagé pour que tout soit prêt, en occurrence la préparation logistique et technique. « Au sein de notre établissement, l’aménagement de l’école et ses alentours, l’affichage des élèves passants et redoublants, voir les communiqués pour orienter les nouveaux parents, tout est déjà disponible» Au niveau des enseignants, chacun se donne des objectifs à atteindre au cours de l’année. « Mon objectif cette année, est de donner un taux de réussite supérieur par rapport à l’année précédente» projette Odilon Ahouassou, instituteur en service à Tori-Bossito. Les élèves entre les souvenirs des vacances et la hantise de la reprise des classes, ne se donnent pas encore de défi. «Ma seule préoccupation aujourd’hui est d’avoir du matériel pour commencer et le reste suivra» a laissé entendre Cédric Hountondji, élève en classe de terminale au Ceg1/Abomey. En somme, la rentrée s’annonce sous de bon auspice.
Les syndicats insatisfaits boudent
Dans le rang des confédérations et centrales syndicales, ça chuchote. Ces partenaires sociaux du système éducatif ne sont pas satisfaits de leurs différentes revendications. Pourtant le Gouvernement annonce avoir débloqué des ressources dans ce sens. « Nous sommes pratiquement à une semaine de la rentrée, mais il faut dire que nous ne sommes pas satisfaits» informe Alexandre Adjinan, enseignant du secondaire, Secrétaire général du syndicat national des enseignants du secondaire, technique et de la formation professionnelle du Bénin (Snestfpb). L’air visiblement déçu, il dénonce le silence du gouvernement face aux réels problèmes des enseignants. Ils sont relatifs, selon lui, à leur reversement, Ce qui a suscité une démotivation dans le rang des acteurs du système. « Cela fait sept ans que ce corps d’enseignants ouvre une nouvelle année scolaire sans avoir une idée de leur statut » mentionne-t-il. Mais il n’y a pas que le reversement des Aspirants au métier d’enseignant en Agents contractuels de droit public de l’Etat (Acdpe) qui soit le motif du désespoir de ces acteurs. Il y a également leur reclassement, le blocage des avancements, l’injustice dans le traitement de ces fonctionnaires de l’Etat et la mise en formation des professeurs adjoints des différentes promotions. Nagnini Kassa Mampo, Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin, soutenus par ses camarades de la Csa-Bénin et de la Cosi-Bénin, a ajouté la suppression de la mensualisation des primes de rentrée ainsi que la mise en place d’un mécanisme équitable d’avancement et des reclassements des agents sous contrat local. Autant de points non satisfaits qui fâchent les enseignants. Face l’insatisfaction, Alaxandre Adjinan appelle ses collègues à se mobiliser. «L’absence des grèves n’est pas synonyme d’une année apaisée » prévient le syndicaliste qui annonce de nouvelles stratégies de lutte pour mieux se faire entendre. Lors de la concertation entre centrales syndicales, confédérations et gouvernement, Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat, président de la Commission nationale de concertation et de négociation a joué la carte d’apaisement. Il a réaffirmé la disponibilité du gouvernement à maintenir le dialogue permanent et constructif avec les partenaires sociaux pour préserver la paix.
Judicaël Davo (Stg.) &
Zéphirin Toasségnitché











