À quelques mois des élections générales de 2026 au Bénin, les différentes structures impliquées dans l’organisation directe ou indirecte du processus se préparent à l’interne pour mieux jouer leur partition. Le Haut-commissariat à la prévention de la corruption a prévu des mécanismes pour exempter le scrutin contre les pratiques d’achat de conscience et autres, nous explique le Secrétaire général de l’institution.
Le Haut-commissariat à la prévention de la corruption (Hcpc) affûte ses armes pour prévenir la corruption électorale lors des scrutins généraux de 2026. Son Secrétaire général (Sg), Olivier-Charles Attindehou, a présenté les mesures envisagées pour prévenir la corruption et les achats de conscience lors des élections. Avant de rentrer dans les détails, le Sg/Hcpc a d’abord rappelé l’essence même du vote. « Le vote, c’est un choix libre. Il convient de rappeler que ce choix détermine la destinée d’une nation », a-t-il clarifié. Mais ce choix, selon lui, reste trop souvent biaisé par des dérives ou manœuvres financières. « Il y a, dit-on, en Afrique, la facilité pour le politique d’aller à mobilisation par achat de conscience et qui achète la conscience d’un citoyen se livre à un acte de corruption. Nous devons rappeler cela », a souligné Olivier-Charles Attindehou. Ensuite, il annonce que le Hcpc mènera « une grosse campagne de sensibilisation». Cette campagne, précise-t-il, visera à « dire aux gens, c’est vrai vous allez accepter 1000 F CFA, (…) mais votre avenir se résume à 1000 F ? Il faut regarder et bien écouter celui qui vient se proposer pour conduire votre destinée ».Olivier-Charles Attindehou a également résumé une pratique qu’il faudrait bannir de la mentalité des électeurs. « Puisque je mange et que vous me connaissez, si vous me soutenez, vous allez manger. Il faut qu’on se refuse cela. En ‘’cachacratie’’, c’est bon, en démocratie, c’est mortel », a-t-il expliqué. Loin de se limiter à de simples appels à l’éthique, le Hcpc entend s’impliquer activement dans le processus électoral. Interrogé sur les dispositifs concrets, le Secrétaire général a dévoilé deux axes d’actions. Le premier, symbolique mais engageant, consiste à faire signer aux chefs de partis un « pacte d’intégrité ». Par ce document, ils devront s’engager à sensibiliser leurs militants et sympathisants contre toute pratique d’achat de conscience. Le second dispositif, plus opérationnel, repose sur un réseau inédit baptisé « les Virgiles de la République ». « Ça peut être des journalistes, des commerçants, qui seront constamment sur le terrain. Ils auront de quoi prendre des photos, avoir des preuves, de sorte que ces partis politiques, ces candidats soient sanctionnés », a expliqué Olivier-Charles Attindehou. « Ça sera une forme de clients mystères, vous ne savez pas qui est qui, mais on se surveille pour que l’intégrité soit, pour que la transparence continue d’arroser toutes les réformes du Bénin », a-t-il renchéri. Ces initiatives dévoilées par le Sg/Hcpc s’inscrivent dans la mission assignée au Hcpc depuis sa création par la loi du 23 avril 2020. Chargée de suivre les mesures anti-corruption dans les secteurs public et privé, l’institution a aussi pour mandat de formuler des recommandations et de transmettre aux autorités judiciaires les informations utiles à la répression des faits de corruption. Pour rappel, le Bénin s’apprête à vivre, pour la première fois depuis 1990, une série d’élections groupées dans un même cycle électoral. Pour le compte du scrutin couplé législatives et communales du 11 janvier 2026, la campagne des législatives et communales se déroulera du 26 décembre 2025 au 9 janvier 2026. En ce qui concerne la présidentielle, la campagne pour le premier tour débute le 27 mars et se termine le 10 avril 2026, pour faire place au scrutin du dimanche 12 avril 2026.
Zéphirin Toasségnitché