L’actualité politique au Bénin est marquée, ces derniers jours, par plusieurs événements importants dont l’ ‘’affaire Sodjinou’’. Depuis l’annonce de l’invalidation de sa fiche de parrainage, la situation semble toujours être compliquée pour le principal parti de l’opposition ‘’Les Démocrates’’. Invité sur l’émission ‘’Prime politique’’, Bertin Koovi, a opiné sur cette actualité nationale dont le dernier épisode est très attendu.
Prime News Tv Monde: Après plusieurs heures de tractations et de suspense, Les Démocrates ont finalement dévoilé leur duo, Me Renaud Agbodjo et Jude Lodjou. Quel regard portez-vous sur ce choix ?
Bertin Koovi : Ce choix est une candidature mort-née. Je n’ai rien à voir avec les profils. Mais le Bénin est trop lourd pour être porté par ce type de profil. Les responsabilités qui sont celles de celui qui doit venir après Talon sont de telles sortes qu’il faut plus que cela. Quand vous portez la souveraineté nationale, vous devenez un surhomme parce que vous avez tout un État derrière. Il faut avoir un peu d’expérience de l’État. Ce que maître Agbodjo n’a pas, encore moins Lodjou. En réalité, ce duo c’est le duo Yayi-Agbodjo.
Comment expliquez-vous qu’un parti politique qui affirmait disposer d’assez de temps pour se préparer ait déposé un dossier incomplet à la Cena ?
Alors, ce sont les conséquences de la ruse et de la rage. Ils se sont entremêlés les pieds dans leur propre piège parce qu’un parti qui est resté dans l’opposition et qui veut conquérir le pouvoir doit savoir déjà, même un an à l’avance, qui on forme pour être le porteur de drapeau. Ce n’est pas le jour de la chasse qu’on prépare le chien. Il ne fera que vous mordre les pieds. Le parti de Les Démocrates m’a vraiment déçu. Ils n’ont fait que de l’opposition spectacle, sans avoir jamais préparé la capacité à gouverner, et les résultats sont là.
Quelle réflexion portez-vous sur la question du parrainage et la crise de légitimité qui semble secouer le parti Les Démocrates ?
Alors ! L’acte de parrainer est d’abord un acte nominal et personnel. Quand les députés LD sont allés, dans un bus, comme des écoliers, chercher leur certificat de parrainage, ils sont allés voir le président Boni Yayi et on leur a fait signer déjà un document. Ayant déjà leur signature, certainement la direction du parti s’est dit qu’on peut leur amener qui on veut parce qu’on a déjà leur signature. Et c’est là qu’intervient la conscience politique d’un homme. Je vais célébrer ici Michel Sodjinou. Ce monsieur a dit non. Il n’y a rien de démocratique dans ce qu’ils ont fait et c’est ça qui justifie la colère de Sodjinou. Il a récupéré son parrainage parce que le processus n’est pas juste et équitable. Le processus ne respecte pas nos propres valeurs. Monsieur Sodjinou nous a dit clairement qu’il s’oppose au choix du duo présenté et qu’il n’est pas prêt à les parrainer et il les invite à aller aux élections législatives et communales de janvier.
Vous avez évoqué tout à l’heure la méthode de convoyage adoptée par le parti Les Démocrates lors du retrait des fiches de parrainage, cette méthode a-t-elle montré ses limites ?
Bon, cette méthode, je crois, a créé tout ce qu’on voit aujourd’hui. Cette méthode a mis dans la tête de chaque député, combien il était important et qu’on avait peur qu’il ne trahisse. Quand on met en branle un processus et qu’on ne le respecte pas, à la fin, tu te rends compte en réalité qu’il y a eu tricherie et qu’on a joué avec ta conscience. Et, si tu as un certain âge, tu te révoltes. C’est ce que Sodjinou a fait et je voudrais le célébrer. Sodjinou a mis fin aux ambitions de LD mais en réalité c’est le président Boni Yayi malheureusement qui a fait le lit à ce qui leur arrive aujourd’hui.
Docteur Bertin Koovi, comment analysez-vous personnellement la décision du député Sodjinou élu sur la liste des démocrates mais qui a refusé de donner son parrainage ?
Mais, il a juste donné une leçon de morale politique. Une leçon de répéter l’injustice même si elle n’est pas faite. Et enfin il a montré qu’il est un homme libre. C’est aussi simple que ça.
Réalisation : Laure Lekossa
Transcription : Judicaël Davo
