26 octobre 1972, 26 octobre 2025, 53 ans que le Bénin, Dahomey d’alors, a connu un push d’Etat militaire mené par le Commandant Mathieu Kérékou qui renversait le conseil présidentiel et il a pris donc le pouvoir sans effusion de sang. Le conseil présidentiel, qui dirige le pays depuis 1970, est aboli et remplacé par un Gouvernement militaire révolutionnaire (Gmr).
Depuis son indépendance, en 1960, le Dahomey vit dans l’instabilité politique. Le renversement du président Hubert Maga, en 1963, marque le début d’une série de coups d’État qui minent la situation sociopolitique de ce pays, un des plus pauvres du continent africain. En mai 1970, le pouvoir est assuré par un conseil présidentiel dont les trois membres assurent la présidence en rotation : Hubert Maga, Justin Ahomadegbé et Sourou Migan Apithy. Le 26 octobre 1972, des militaires, dirigés par le chef d’état-major adjoint de l’armée, Mathieu Kérékou, investirent le palais présidentiel, à Cotonou, pendant que le cabinet était réuni. Kérékou abolit la structure de la présidence tournante, supprime l’Assemblée nationale et se dit préoccupé par l’urgence de redresser l’économie. Le putschiste reprochait au conseil présidentiel sa méthode de gouvernance. « Le coup d’Etat, je vous ai dit que le Dahomey est trop petit pour avoir trois présidents. (…) Ce que nous reprochons, c’est le système. Le Dahomey ne peut pas avoir trois présidents. La France est à plus de 45 millions d’habitants, j’espère, je crois bien et n’a qu’un président alors que le Dahomey en a à peine trois millions, trois présidents, c’est trop. Nous, nous sommes assez pauvres pour avoir trois chefs et avec tant d’autorités de l’Etat. Donc ces trois présidents ne se reposent sur rien d’abord » justifiait, Mathieu Kérékou, de regretté mémoire. Aucun mort n’est déploré, mais les trois membres du conseil présidentiel, dont Apithy qui revient d’Europe où il est au moment du coup, ont été déposés. Ils resteront en prison jusqu’en 1981. Kérékou est président et ministre de la Défense, alors que les autres ministères clés sont occupés par des militaires. Dans son premier grand discours, le 30 novembre, il annonce sa volonté d’établir un régime révolutionnaire, démocratique et populaire. D’une approche plus nationaliste, il évolue en 1974 vers l’adoption du marxisme-léninisme et du socialisme comme voie de développement du pays qui devient la République populaire du Bénin en 1975. Kérékou procède à des nationalisations sur le plan domestique et se rapproche aussi du camp socialiste sur la scène internationale. Le Parti de la révolution populaire du Bénin conservera son emprise sur le pouvoir, exerçant une sévère répression à l’endroit de l’opposition. Kérékou demeurera à la tête du pays jusqu’en 1991. Il y reviendra pour deux mandats entre 1996 et 2006.
Des voix s’en souviennent encore
Pierre Osho, Professeur d’histoire et ancien ministre et compagnon fidèle du grand camarde de lutte, Mathieu Kérékou, une personnalité historique qui a été témoin du coup d’Etat du 26 octobre 1972 revient sur les circonstances du push « Le 26 octobre 1972, je me souviens très bien, c’était un peu après treize heures, un jeudi, je me rendais avec un amis au déjeuner quelque part avant les cours de l’après midi au lycée technique Coulibaly lorsque dans toutes les rues où on passait, j’ai entendu de la musique militaire et quelques temps après la proclamation présenté à la Nation le chef d’Etat-major Mathieu Kérékou, mais il ne s’est pas présenté comme tel. Mais je connaissais l’homme j’ai reconnu sa voix et parce que j’ai eu la chance et le plaisir de faire sa connaissance et de le fréquenter même un peu déjà en 1969 donc j’ai eu connaissance ainsi que le régime du conseil présidentiel venait de tomber et que les militaires dirigés par le commandant Mathieu Kérékou venait de prendre le pouvoir » a rappelé Pierre Osho. 53 ans après, Raphaël Assogba, agent de développement rural à la retraite, évoque les souvenirs. « Par rapport à la date du 26 octobre 1972, ce tumulte qui a donné naissance à l’enfant malade qu’était le Bénin a mis fin à la gestion du gouvernement à trois têtes. Un désordre, une forme, mais aussi de confiscation de pouvoir au niveau de trois personnes qui ne s’entendent même pas. Tout cela a pris fin par la réaction des militaires qui ont fait le coup d’Etat et ont retiré le pouvoir à ce montre à trois têtes. Et donc, l’arrivée du Gmr avec à sa tête Mathieu Kérékou qui change le coût de la vie. C’est la période révolutionnaire où nous avons tiré toutes les formes de formations. Nous en avons gardé un souvenir positif plus que négatif parce que c’était la formation générale du peuple. La formation militaire, le mono parti qui a accouché la multiplication des difficultés, la conférence nationale, une période vraiment inoubliable. Nous allons donc saluer la sportivité d’esprit du président Kérékou, qui a donc accepté ses assises nationales, regroupant les cadres de l’intérieur comme de la diaspora.
Zéphirin Toasségnitché











