En marge de l’ouverture officielle de la 2ème session de l’Assemblée nationale, le vendredi 31 octobre 2025, les Groupes parlementaires de l’Union progressistes le renouveau (l’Upr) et le Bloc républicain (Br), tous de la majorité présidentielle ont introduit une proposition de loi pour une nouvelle révision de la constitution du 11 décembre 1990. Cet acte porté par les Honorables Aké Natondé et Assan Séïbou est diversement apprécié au sein de l’opinion publique.
Le sujet de la révision de la constitution visant la création de la Sénat alimente de nouveau les débats au sein de l’opinion publique au Bénin. Dans les ateliers, les places publiques, les services, tout dans les écoles, il est au centre des discussions. La thématique ne laisse donc personne indifférentes. Plusieurs citoyens expriment à la fois leur incompréhension et leurs réserves quant à l’opportunité et le moment choisi pour engager un tel processus. Selon certains, la question d’une révision n’est pas en soi un problème. Par contre, d’autres estiment même qu’il est nécessaire d’adapter la loi fondamentale aux réalités actuelles du pays. Cependant, ils s’interrogent sur les motivations réelles de cette initiative à la veille des élections générales prévues pour 2026. «Nous avons eu dix ans de réformes institutionnelles, pourquoi ce débat revient-il qu’aujourd’hui, à l’approche des élections ? », s’interroge un citoyen. S’ils reconnaissent que la création d’un Sénat pourrait être une bonne chose pour rassembler les anciennes figures politiques du pays, ils restent tout de même prudent : « Si le Bénin est tellement vaste et qu’il faut créer un Sénat pour mieux organiser les institutions, c’est compréhensible. Mais pourquoi maintenant ? Cela cache quoi ? » se désole Jacques, maître soudeur à Gbégamey. D’autres intervenants estiment qu’un référendum populaire serait la meilleure option pour trancher cette question. « La Constitution elle-même prévoit les conditions de sa révision. Si le peuple doit se prononcer, alors, allons au référendum pour que les Béninois décident », soutient Paul, étudiant à l’Université d’Abomey-Calavi. En 2016, faut-il le rappeler, le président Patrice Talon avait inscrit la révision de la Constitution dans son projet de société dès son accession au pouvoir. Mais au cours de son premier quinquennat, il s’est vu bloquer au Parlement parce que, les députés d’alors avaient jugé cette révision inopportune. « Le président Talon avait parlé de la révision avant même d’être élu, et le peuple l’a soutenu à 65%. Cela voudrait dire qu’il avait reçu mandat pour la faire. Mais c’est la minorité parlementaire qui avait bloqué à l’époque », a rappelé Raymond, tenancier d’un bar restaurant à Fidrossè. Toutefois, des voix critiques dénoncent ce qu’elles qualifient de « folklorique », estimant que la réforme pourrait profiter à une élite politique vieillissante. « À part les militaires, je ne vois pas ce que ces gens viennent encore faire là. Ils sont déjà à la retraite, ils coûtent cher au budget national et ne produisent plus rien », fustige Clément, fonctionnaire de l’Etat. Entre scepticisme et adhésion prudente, une chose semble faire consensus : la nécessité d’un débat inclusif et transparent autour du contenu réel de cette révision constitutionnelle, afin que le peuple béninois puisse en comprendre les enjeux et se prononcer en toute connaissance de cause.
Prisca Ahouassou











