Dans une lettre ouverte, les centrales syndicales du Bénin ont donné leur position face au projet de révision de la constitution introduit à l’Assemblée nationale par les députés de la majorité présidentielle. Dans ce document les travailleurs n’apportent pas leur caution à cette initiative qui selon n’est pas prioritaire pour la Nation.
Les travailleuses et travailleurs du Bénin, réunis au sein de la Confédération des syndicats autonome du Bénin (Csa-Bénin), de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) et de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (l’Unstb), haussent le ton face à la proposition de révision constitutionnelle déposée par les députés Natondé Aké et Seibou Assan. Dans une lettre ouverte adressée aux députés, les trois principales centrales syndicales expriment leur désapprobation et dénoncent une démarche qu’elles qualifient de précipitée et déconnectée des priorités sociales du pays. Le projet de révision vise à instaurer un Sénat, présenté par ses initiateurs comme un moyen de moderniser la démocratie et de rééquilibrer les pouvoirs. Les syndicats, eux, y voient une tentative de confiscation du pouvoir populaire. Ils soulignent qu’une telle réforme, d’envergure nationale, ne peut être validée que par référendum, conformément à l’esprit de la constitution de 11 décembre 1990. « Introduire une telle proposition sans consultation ni débat public, à la veille de la fin d’un régime de dix ans, soulève des inquiétudes légitimes », écrivent les signataires, Anselme Amoussou, Bachabi Moudassirou et Apollinaire Affèwé. Ils estiment qu’il est anormal de contourner le peuple, seul détenteur de la souveraineté constitutionnelle. Les syndicats rappellent que les priorités réelles des citoyens restent inchangées à savoir un emploi décent, pouvoir d’achat, services publics de qualité, sécurité économique. Dans un contexte d’inflation et de précarité croissante, ils jugent inopportun d’engager des dépenses publiques pour une réforme institutionnelle sans impact direct sur le quotidien des Béninois. Le texte syndical va plus loin. Il met en garde contre la création d’une institution susceptible de conférer des pouvoirs disproportionnés à des citoyens non élus, ce qui, selon eux, contredirait le principe républicain de souveraineté populaire. Ils rappellent également que l’article 156 de la constitution interdit toute révision touchant à la forme républicaine de l’État. Les centrales syndicales appellent les députés à rejeter la proposition et à privilégier le dialogue démocratique par voie référendaire. Elles menacent, si nécessaire, de rendre publique la position de chaque député lors du vote. Ce front syndical, inédit depuis plusieurs années, marque une prise de position ferme du monde du travail face à ce qu’il considère comme une dérive institutionnelle en fin de mandat.
La Rédaction











