À l’approche des échéances électorales, le rôle des médias devient crucial dans le maintien de la paix, de la transparence et de la crédibilité du processus démocratique. Consciente de cet enjeu, Prime News TV Monde a consacré une émission spéciale à la conduite du journaliste en période électorale. L’invité du jour, Franck Kpotchémè, journaliste et ancien conseiller à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), a livré des éclairages édifiants sur les défis et les devoirs de la presse en contexte électoral..
Le journalisme est un métier de veille permanente. Qu’il s’agisse d’une période électorale ou non, le professionnel des médias doit s’assurer de la qualité, de la véracité et de la pertinence de l’information qu’il diffuse dans la mesure où elle est une arme à double tranchant. « Une information, c’est comme un fusil. Une fois le détonateur enclenché, il est difficile de revenir en arrière» fait savoir Franck Kpotchémè. A ce titre, le journaliste doit mesurer la portée de chaque publication, surtout dans un contexte où la tension politique peut transformer un simple propos en facteur de division. Abordant la question liée à la déontologie du métier, Franck Kpotchémè a insisté sur l’équilibre et la véracité de l’information. Il cite notamment l’article 13 du Code de l’information et de la communication, qui énumère les fautes professionnelles telles que la diffamation ou l’atteinte à la vie privée. Il rappelle que, même lorsqu’une information est vraie, sa diffusion peut être illégale si elle viole la sphère privée d’un individu. Les journalistes doivent donc confronter les sources, vérifier les faits et ne publier que des informations justes et utiles à la société. L’ancien conseiller à la Haac a également attiré l’attention sur les sanctions prévues par la loi en cas de manquement. Si la prison n’est plus envisagée pour les délits de presse, les organes fautifs s’exposent toute de même à de lourdes amendes, voire à la suspension ou au retrait de leur licence d’exploitation. D’où la nécessité de renforcer les dispositifs internes de validation de l’information avant toute diffusion.
Les organes un grand rôle à jouer dans la stabilité du pays
Pour lui, les organes de presse doivent se réarmer pendant les périodes sensibles, revoir leur organigramme, s’assurer que chaque maillon de la chaîne du reporter au directeur de publication joue son rôle avec rigueur. Il a aussi rappelé l’importance de la conférence de rédaction, moment privilégié pour confronter les points de vue, corriger les erreurs et garantir la fiabilité du contenu à diffuser. Par rapport aux relations entre les médias et les acteurs politiques, l’expert a été catégorique. « Aucun contrat, aussi lucratif soit-il, ne doit pousser un journaliste à servir des intérêts partisans » a rappelé Franck Kpotchémè en mettant en garde contre les tentations de la désinformation motivée par l’argent. « Ce n’est pas à coup de millions qu’on doit compromettre la paix » a-t-il insisté. A en croire ses propos, la crédibilité reste la seule richesse durable pour un média. Franck Kpotchémè a également évoqué la gestion des informations sensibles en période de tension. Il estime que toute information, même vraie, n’est pas forcément bonne à publier si elle risque de provoquer des troubles ou d’alimenter la division. La rapidité dans la diffusion ne doit jamais primer sur la précision et la responsabilité. Abordant la question des médias en ligne, il a mis l’accent sur la nécessité de la réactivité dans la gestion des commentaires et des erreurs. Les informations erronées doivent être corrigées immédiatement, sans attendre une réaction extérieure. « Lorsqu’une erreur est détectée, le média doit la rectifier spontanément et présenter ses excuses à son audience», a-t-il recommandé. Pour conclure, Franck Kpotchémè a rappelé que les médias ont un rôle déterminant dans la stabilité du pays en période électorale, au même titre que les institutions électorales et sécuritaires. Il a donc invité les professionnels de la communication à faire preuve de responsabilité et de patriotisme dans l’exercice de leur mission, celle d’informer juste, vrai et pour la paix.
Prisca Ahouassou











