La réforme de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) au Bénin, portée par le décret n°2025-197 d’avril 2025, ambitionne de faire de ce secteur un levier contre le chômage des jeunes. Cependant, Anselme Amoussou, secrétaire général de la CSA-Bénin, pointe des faiblesses majeures qui pourraient compromettre ses objectifs.
Le décret instaure un cadre juridique modernisé, mais sa centralisation « excessive » suscite des critiques. En confiant au Conseil des Ministres un rôle délibérant central, il éloigne la prise de décision des réalités du terrain, politise la gestion des établissements et limite leur autonomie, pourtant proclamée. La tutelle ministérielle, via des validations multiples, entrave la flexibilité administrative et pédagogique, selon Amoussou.
Le syndicaliste estime que la gouvernance proposée manque également de démocratie. Les conseils d’administration, dominés par des représentants institutionnels, marginalisent enseignants et apprenants, réduisant leur influence sur les choix stratégiques, selon lui. Les conseils de gestion, aux pouvoirs consultatifs, peinent à jouer un rôle opérationnel, tandis que la nomination discrétionnaire des chefs d’établissement ouvre la voie à des influences politiques.
Côté financement, la CSA-Bénin ne semble pas convaincue. Elle indique, par la voix de son SG, que le modèle hybride (public, privé, partenariats) repose sur des hypothèses optimistes, peu réalistes face à la frilosité des entreprises béninoises. Amoussou craint une « marchandisation » de la formation, priorisant les services payants au détriment de l’équité d’accès. Le contrôle étroit du ministère des Finances risque, par ailleurs, de freiner le fonctionnement des établissements.
Enfin, les garanties d’inclusion et de respect des droits paraissent fragiles. Amoussou dénonce une contradiction entre les engagements du décret et la répression des mouvements syndicaux, comme l’occupation de la Bourse du Travail. Le rôle consultatif des partenaires locaux (collectivités, ONG, parents) limite leur appropriation de la réforme.
Pour Anselme Amoussou, sans un dialogue social renforcé, cette réforme risque de reproduire les échecs passés. Un réajustement, intégrant les acteurs de terrain, est crucial pour une ETFP inclusive et efficace, estime le secrétaire général de la CSA-Bénin.
M.D.











