À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025 au Cameroun, le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans, montre des signes d’effritement criants. Les récentes défections de deux figures historiques, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, jettent une lumière crue sur un système à bout de souffle, incapable de renouveler son offre politique. Ces départs, combinés à une opposition galvanisée, signalent une crise de légitimité sans précédent pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Bello Bouba Maïgari, ancien Premier ministre et président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), a rompu une alliance de 28 ans avec Biya, annonçant sa candidature le 28 juin 2025. Quelques jours plus tôt, Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre et leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), démissionnait du gouvernement pour se présenter également.
Ces deux figures du Grand Nord, région clé représentant environ 40 % de l’électorat, incarnent une fronde contre un régime qu’ils jugent désormais incapable de répondre aux aspirations populaires. Tchiroma, dans une déclaration cinglante, a dénoncé un « vieux système » à l’agonie, tandis que Maïgari répond à une base militante lassée de la « mal-gouvernance » et de la « corruption ».
Ces défections révèlent un régime qui s’effondre de l’intérieur. Paul Biya, âgé de 92 ans, reste silencieux sur sa candidature, alimentant les spéculations sur sa santé et sa capacité à gouverner. L’absence de conseil des ministres depuis 14 ans, soulignée par Tchiroma, illustre un pouvoir déconnecté, maintenu par une élite opportuniste plutôt que par une vision. Pendant ce temps, l’opposition, portée par des figures comme Maurice Kamto (MRC) et Joshua Osih (SDF), se structure, avec des discussions en cours pour une coalition anti-Biya.
Le système Biya, bâti sur des alliances clientélistes et une mainmise sur le Grand Nord, s’effrite sous le poids de ses propres contradictions. Les défections de Maïgari et Tchiroma ne sont pas de simples manœuvres tactiques : elles traduisent un rejet d’un régime incapable de se réinventer face aux crises – insécurité, pauvreté, tensions sociales.
L’élan de l’opposition, amplifié par une jeunesse désabusée et active sur les réseaux sociaux, pourrait transformer cette élection en un tournant historique. Biya, en cultivant le suspense, semble jouer la montre, mais ce silence ne fait qu’accélérer l’érosion de son emprise.











