Réuni en conseil des ministres, le mercredi 10 septembre dernier, le gouvernement a adopté le projet de loi des finances, gestion 2026 évalué à 3 783,984 milliards Fcfa avec plusieurs innovations à l’intérieur.
C’est la dernière loi des finances pour le gouvernement du président Patrice Talon. Le projet a été adopté en conseil des ministres. Conformément à la constitution, le gouvernement le transmet à l’Assemblée nationale pour examen et vote. Il s’équilibre en ressources et en charges à hauteur de 3 783,984 milliards Fcfa, renseigne le compte rendu du conseil des ministres. Soit une hausse d’un peu plus de 230 milliards Fcfa par rapport au budget 2025. « Les orientations économiques et budgétaires pour la gestion 2026 sont focalisées sur le renforcement des facteurs clés de la transformation structurelle de l’économie nationale et une meilleure approche budgétaire de redistribution des fruits de la croissance économique pour plus d’équité et de justice sociale », indique le gouvernement dans son compte. Le projet de budget a pour vocation, ajoute l’Exécutif béninois, de permettre la poursuite des actions de diversification de l’économie par le développement du secteur industriel et des infrastructures, ainsi que le renforcement du capital humain. Le taux de croissance envisagée est de 7,5%. Pour y parvenir, le gouvernement compte sur le secteur agricole, l’augmentation de l’activité industrielle, l’accroissement du trafic au port de Cotonou et des actions de promotion touristique. Le taux d’inflation projeté tourne autour de 2,0%, en dessous de la norme communautaire de 3,0% de l’Uemoa. Le gouvernement envisage aussi de consacrer 42% du budget général aux dépenses à sensibilité sociale. Pour les autorités, plusieurs actions d’envergure prévues « visent l’intégration des thématiques transversales et l’atteinte des cibles pertinentes des ODD ».
Elections générales, santé, numérique, énergie, eau, sécurité…
2026 sera une année particulière au Bénin. D’abord, le Bénin connaitra un nouveau chef d’Etat à l’issue de la présidentielle d’avril 2026. Ensuite, le pays organise pour la première fois des élections générales. Le gouvernement entend accorder un point d’attention au financement des activités entrant dans le cadre de ces élections « pour lesquelles les ressources sont déjà entièrement mobilisées.»
En dehors des élections, le gouvernement annonce la poursuite et le renforcement des investissements en cours dans les domaines clés comme la santé, la protection sociale, le développement du savoir et de la connaissance, le tourisme, l’énergie, l’eau, les transports et le numérique. Sur le volet nutrition, le gouvernement entend allouer des ressources à l’extension du projet de suppléments alimentaires au profit des femmes enceintes, allaitantes et des enfants couvrant les 1000 premiers jours après la naissance ainsi qu’à la couverture totale des écoles maternelles et primaires publiques en cantines scolaires. L’octroi de bourses d’études dans les écoles privées de renommée internationale, l’accélération des réformes de l’enseignement technique, l’opérationnalisation de Sèmè-City, le renforcement et la modernisation du plateau technique sanitaire sont des actions prévues dans les domaines de l’éducation et la santé. Sur le plan sécuritaire, le gouvernement entend mobiliser et octroyer des ressources pour l’installation de systèmes de vidéo protection dans les grandes villes béninoise et la forte dotation des Forces de Défense et de Sécurité en « engins et vecteurs performants.». Les actions pour ce volet s’inscrivent dans les priorités pour le triennal 2026-2028.
Une ambition sociale affirmée, mais la presse reste le parent pauvre
Dans cette architecture budgétaire ambitieuse, un secteur pourtant essentiel reste absent : celui de la presse. Une omission stratégique ? Alors que la presse joue un rôle fondamental dans la consolidation de la démocratie, la transparence des politiques publiques et la mobilisation citoyenne, aucune ligne budgétaire ne semble lui être dédiée. Ce silence interroge : comment garantir la redevabilité des actions sociales sans un écosystème médiatique fort, structuré et soutenu ? La presse est pourtant un vecteur de cohésion, un outil de veille, un espace de dialogue et un levier de transformation. Elle documente les réalités sociales, éclaire les enjeux, interpelle les décideurs et accompagne les réformes. Son exclusion du budget 2026 constitue une faille dans la logique de développement durable et d’inclusion. Face à cette omission, des voix s’élèvent pour appeler à une révision du projet de loi afin d’y intégrer : un fonds de soutien à la presse indépendante, garantissant pluralisme et professionnalisation ; des mécanismes de financement transparents, accessibles aux organes de presse engagés dans la couverture des enjeux sociaux. Le ministre de l’économie et des finances, en lien avec les ministres sectoriels, est chargé de défendre ce projet devant la représentation nationale. Il lui revient désormais d’entendre les interpellations et d’intégrer les ajustements nécessaires pour que la presse ne soit plus un oubli, mais un pilier. Corriger cette injustice serait une reconnaissance institutionnelle du rôle stratégique des médias dans l’atteinte des Objectifs de développement durable.
La Rédaction











